Cet espace créatif accueille les créations en relation avec les mythes et les rites, et donc aussi le reflet de nos légendes personnelles. Merci à nous tous de stimuler et de partager ainsi nos créativités qui sont nos trésors !


Concours mythe et rite en poésie 2019

La troisième édition du concours est ouverte !

Que les Muses vous inspirent !

 

-> Pour participer, envoyez votre poème inspiré des mythes et des rituels avant le 1er décembre à odile.tresch@mytheetriteenpratique.com

-> indiquez la catégorie dans laquelle vous jouez : junior (collégiens et lycéens), major (étudiants), ou séniors (les autres !)

-> votre poème peut revêtir n'importe quelle forme, être accompagné d'un dessin, d'une image : champ libre à la créativité !

-> les noms des gagnants de chaque catégorie seront annoncés avant Noël !

 

 

 


Concours mythe et rite en poésie 2018


Au palmarès des Jeux Poétiques "Mythe et rite en poésie 2018"

 

Maëlle Guédou avec "Métamorphose" - Palme d'Or

Luna Gouin avec "Dialogue, de l'homme à Poséidon" - Palme d'Argent

Justine Périon (Yu) avec "Première Lune" - Palme de Bronze

 

… et 18 autres poètes superbement inspirés : BRAVO et MERCI à tous !

 

Découvrez ces jolis poèmes ci-dessous !

 

Les poèmes de l'édition 2018 et 2017 du concours sont disponibles sous la forme d'un recueil sympathique réalisé par les étudiants du bureau des étudiants de lettres anciennes de la fac de Nantes : il est en vente à un prix modique, les bénéfices allant au financement de leur voyage d'études. Pour se le procurer, contacter le bureau des étudiants à l'adresse suivante : 

bdelettresanciennes@gmail.com

 


Palme d'Or 2018 : Maëlle Guédou


Jeune femme inspirée, à l'intelligence tout aussi subtile qu'humble, Maëlle est une artiste dans l'âme. Son poème "Métamorphose" inspiré du mythe de Narcisse et d'Echo a conquis le jury : puisse-t-il résonner largement et encourager notre jeune poétesse à faire rayonner ses talents



Palme d'Argent 2018 : Luna Gouin


Luna a toujours écrit pour le plaisir et pour le plaisir d'offrir : elle aime accompagner ses cadeaux de Noël ou d'anniversaire de cet acte d'amour qu'est créer un poème. Pour notre plus grande joie, elle qui porte le nom de la Lune, déesse qui influence les eaux de Gaïa par le phénomène des marées et qui, donc, est très proche du dieu de la mer, nous offre un "Dialogue, de l'homme à Poséidon", un bain de jolies vagues sonores qui déferlent, fluides, sur la page. 



Palme de Bronze 2018 : Justine Périon (Yu)


Elle remporte la Palme de Bronze en posant ses pieds sur la Lune : regard de Sibylle, imagination mystérieuse, Justine nous emmène en voyage au pays de son inspiration avec "Première Lune" ...



Pirate au grand cœur, Frédéric Brigand des Mers, alias Roi des Rats, lance un glaçant et puissant cri de guerre : "Il faut sauver le soldat Gaïa", un appel à utiliser sa force guerrière pour protéger la Vie ! à slamer de toute urgence ! 



Virginie est une doula (accompagnante à la naissance) et gardienne des tentes rouges au sein desquelles les femmes peuvent déposer leurs paroles et mettre en commun leurs expériences. Très créative, elle conçoit des bijoux, attrape-rêves et aussi des textes : c’est celui qui lui a été inspiré lors d’une préparation de Tente Rouge de Pleine Lune qu’elle a eu l’envie de partager ! Ses trésors de création sont sur son site : http://www.doulagaia.fr/ !



Lauréate du concours de poésie 2017, Laurie était très attendue pour cette nouvelle édition. Elle nous a encore bouleversé le cœur avec un hymne funéraire fictif d’une maman à son enfant disparu. Un poème cathartique pour les personnes qui ont traversé cette expérience de vie…



La relation au père : tout un poème … ! Bravo à Adrien, jeune homme doté d’une sensibilité subtile qui lui est sa grande force, pour ces mots touchants par leur pudeur et leur amour.



Le poème d’Earaliel est consacré à la mémoire de sa grand-mère parti récemment chez Hadès : des mots touchants qui gravent dans l’éternité de la poésie l’amour de cette jeune fille pour son ancêtre.



La Clef aux fées est une jeune Bretonne un brin chauvine : son poème « D’une Bretonne à l’Océan » est une véritable déclaration d’amour à cet espace marin, ô combien magique, de cette région où elle est enracinée !



Celte dans l’âme, Aristide, lauréat du concours de poésie 2017, nous emmène cette année dans l’univers de la mythologie celtique irlandaise : frissons garantis avec sa « Banshee amoureuse », un flirt entre Eros et Thanatos …



Cheveux couleurs de l’arc-en-ciel variant au gré de sa météo intérieure, la tête ornée de jolies couronnes de fleurs, air lutin, Mélanie semble sortie tout droit du monde des fées. Elle nous offre avec grâce son tout premier poème, une épigramme dédiée aux Muses, Flora et Apollon !



Héloïse est une jeune femme pleine de ruse et de malice : serait-elle issue de la lignée de Métis ? Par son poème consacré à la poésie et aux Muses, elle rappelle que cet acte de créer est l’une des manières pour l’être humain de transcender sa mortalité. Bienvenue à elle au club des Immortels !



Elle aime le théâtre, la photographie, la poésie : Loëliah, avec son poème en prose « Androgiaque » inspiré du mythe d’Andromaque et Hector, nous offre ici, de cette héroïne épique et tragique lorsque son mari meurt sous les coups d’Achille, une peinture pleine de caractère et d’intensité.



Iseult se délecte du mythe de Phèdre et d’Hippolyte et aussi d’El Deschidado, le poème de Gérard de Nerval. Elle a tout naturellement choisi de mixer les deux dans le shaker de son inspiration et nous propose à déguster « Maestissima » : régalons-nous !



Derrière l’apparence sage de Sarah, se cacherait-il une jeune femme sauvage et indomptable ??? « Medea » nous présente son héroïne favorite : Médée, dont le mythe a inspiré tant de poètes ! Ce que devient la Médée de Sarah : suspens … La poétesse est seule maîtresse de son héroïne … mais l’avenir nous le dira peut-être !



Mélissa est une jeune femme bien inspirée : elle reprend ici le mythe de Pygmalion et Galatée, un poème « sculpture en abîme » qui interroge sur « être objet »…



Pour une jeune poétesse, quoi de mieux que d‘évoquer les amours tragiques du poète-héros Orphée allant, désespéré, rechercher sa belle Eurydice décédée aux Enfers ? C’est ce que nous propose Nao avec « Amour Mythique »…



Salomé apprécie la littérature et la musique. Pour sa première participation au concours, elle nous présente un joli poème d’amour… Et qui n’aime pas l’amour ???



Grande et discrète voyageuse de pays invisibles et d’espaces intérieurs, Fanny nous emmène dans le labyrinthe de son inspiration au cœur d’un poème basé sur les symboles des mythes crétois ! Qui l’aime la suit : on y va !



Nemo Alexander est à lui tout seul la Bible de la mythologie. « Tout commença » est l’un des nombreux poèmes qu’il offre aux amateurs de mythes et de poésie : sa genèse, dans lequel il rappelle que les femmes sont les premières nées, une ode aux accents humanistes !



« - Miroir miroir, qui est le plus brave, le plus suave ? - Octave ! » Présenter Octave est un vrai challenge en soi : inclassable, pouvant être tout et son contraire, il échappe à toute définition. Un point est sûr : son humour est à prendre avec autant de degrés qu’il y a de lettres dans l’alphabet grec, de alpha à oméga, en passant par bêta ! Rions rions (ou pas !) avec « Eloge », un sonnet miroir !



Concours mythe et rite en poésie 2017


Lauréats des Jeux Poétiques 2017 : Laurie et Aris


Laurie écrit depuis longtemps des poèmes, petits trésors qu'elle garde précieusement dans son grenier : puisse ce prix lui donner l'envie de les sortir à la lumière !!! Voici son poème dédié à sa fille Isis :


D'où lui viennent ces cheveux dorés

Si ce n'est du soleil, du sable, de la terre

Dorée, parmi les pyramides esseulées,

Érigées par le temps au nom d'une Ère

Où la déesse a écrit son serment.

 

Isis, tantôt bienfaitrice, tantôt sorcière,

Pour réunifier le corps de son Amant,

Elle est guérisseuse et trône au firmament.

Le peuple l'aime d'un amour infini.

Son culte, à Philae, traverse le Temps.

 

Isis, déesse mère, l'Insoumise,

Son rire éclate en myriade de diamants

Dispersé par l'ibis au-delà du soleil couchant.

Elle unit le ciel et la terre promise,

Partout où elle passe son éclat est vivant.

 

En mon sein, en le tien, nous ne faisons qu'un.

 

Pour ma fille, ma déesse, Isis.

 

LAURIE GANDEMER



La partie masculine du "jury" a été touchée par la sensibilité du poème d'Aris, jeune homme discret. Voici son joli poème, qui sonne comme un hymne à Artémis :


Ô déesse chasseresse, aux flèches brillantes,

Éros m’a transpercé le cœur de sa flèche

Et puis m’a conduit dans tes contrées radiantes,

Où tu résides, entourée de vingt nymphes.

Ô déesse au croissant de l’astre nocturne,

Sous ta pâle lumière, je me retrouve

L’arc à la main, à chasser dans ton domaine,

À courir avec toi, dans le bois aux louves.

Ô déesse protectrice du monde sauvage,

Dans de vastes bois, caché du reste des humains,

Notre amour fleurira, durant nos voyages,

Et à Zeus ton père je demanderai ta main.

Mais sous la lumière de ton frère, je m’ennuie,

À attendre si longtemps la belle de mes nuits.

 

ARISTIDE JANNAULT



à l'honneur également les autres poètes du concours : Maëlle, Fanny, Claire, Roi des Rats, Octave, Yu, Alex, Louis


Maëlle est une jeune femme brillante et pleine d'humour. Elle écrivait des strophes "comme ça" au lycée sans se rendre compte que ce qui lui venait pouvait plaire à d'autres ... Puisse ce concours l'encourager à continuer !!!


                            λύρα

Souffle Éole dans les cheveux de feu

De cette belle muse au corps radieux

Éros a tiré sa flèche en plein cœur

Effaçant ainsi mes doutes et mes peurs

 

Ô Déesse de mes jours et de mes nuits

Tel Narcisse sa beauté a changé une vie

Dans les bras de Morphée j’aime la trouver

Couvrant son corps de milles baisers

 

Et je prie les dieux et les déesses

Suppliant de m’offrir sa tendresse

Car le manque de son amour me fait souffrir

 

Hadès l’a appelée auprès de ses pairs

Faisant de ma vie le véritable enfer

Mais je viens te chercher ma belle Eurydice.

Maëlle GUÉDOU



Fanny, elle aussi, écrit depuis longtemps des poèmes par plaisir. Dotée d'une sacrée ouverture d'esprit et de belles qualités humaines, elle nous offre, joli cadeau de Noël, un très beau poème où, telle une émouvante ronde cosmique, les grands personnages mythologiques de nos différentes époques et cultures se rassemblent...  


 

Alors que le temps de Sif vient à grands pas,

Zéphyr devient plus mordant que Cerbère,

Perséphone a regagné en frissonnant les Enfers,

Et Hâpy rappelle ses flots dans ses bras.

La neige blanchit silencieusement le sol.

Il est l'heure d'accueillir l'hiver.

Les sabots des chevaux d'Hélios forment des congères,

Le quadrige entraîne Phaéton dans le froid

Les rois mages apportent les cadeaux à la naissance

Et l'homme à la barbe blanche rend la joie à l'enfance.

Minuit sonne, le feu brûle dans la cheminée.

Quand la cloche tinte, le gong réunit l'histoire.

Saturne, Jésus, Yule et St Nicolas viennent se voir

Et ensemble, ils rassemblent les années.

Fanny ALLÈGRE



Le poème du jour en ce 25 décembre, fête de la Naissance et de la Fécondité, est celui de Claire, ode à l'Eau, source de Vie ! Claire fait partie de ces personnes qu'on porte instantanément dans son cœur. Je la chéris dans le mien et je serai toujours là pour elle. Voici son poème, pause-douceur de l'âme aux couleurs de l'arc-en-ciel, qui nous rappelle l'essentiel !  


Blanche comme la pureté que tu dégages,

Seul le froid suit ton passage.

Grise sans soleil, te regardant passer au loin, je me sens si seule.

Qu'il revienne, que tu étincelles !

Bleue et ruisselante, quand passe l'été,

M'imprégnant de toi, je révélerai ma féminité.

Verte et fertile, au milieu des racines un chemin tu te frayeras,

Pour apporter la paix dans ce pays-là.

Or et argent, tu luis de milles feux brillants,

Quand tu tombes sous ce néon scintillant.

Rouge et nécessaire à mon corps, à ma vie,

Si tu ne t'écoules plus je péris.

Mauve sous le crépuscule, tu nappes ma Bretagne de nuances surréalistes,

Tu peins ma vie telle une artiste.

 

Tu fondes l'arc-en-ciel et nous réunis tous dans une même ronde.

Nymphes, Poséïdon et sirènes, Ymir, Thor et Freyr ;

Divinités et humanités fécondes. 

 

Je te chante eau-jourd'hui, car tu es nécessaire à notre monde.

 

Claire RIVALIN



Changement d'ambiance avec ce poème de Roi des Rats... Loin d'être un raté (chacun connaît l'extrême intelligence de l'animal), sous sa façade brigand des grands chemins à la Robin des Bois ou Batman en rat et en chevelu, Roi des Rats est un rebelle au grand cœur, un idéaliste qui a soif de justice. Voici son poème, un hymne anti-Zeus très électrique !!! 


Je veux qu'on Zeus sur ma tombe

 

 

Mon cher Zeus, si puissant, si grand !

Maître des dieux, de l'univers, et des glands!

Je suis désolé mon grand je ne voulais pas le faire,

mais je suis dans l'obligation de te dire que tu me pompes l'air.

 

Hésiode nous le dit, ton œil voit tout, il connaît tout.

Mais si tu vois tout, commence déjà par t'occuper d'Héra,

Ses colères sont divines Hercule est tout fou,

Tout le monde a bien vu que tu ne la respectes pas!

 

Ta sœur ou ton aimée ?

Visiblement ce n'est pas tabou

On se croirait en Vendée,

serais-tu ventre à choux ?

 

Tu aimes te transformer, dans des formes diverses et variées,

Je comprends pourquoi Ulysse préfère Athéna,

Aigle, cheval, taureau, ton pouvoir est illimité

Allons mon cher tu ne me suis pas ?

 

Dieu de la justice, retourne dans le passé,

Sous forme de chèvre rejoins ton berger solitaire,

Paris éclairé sera bien occupé

Son désir assouvi, Ulysse ne partira pas en guerre.

 

Zeus tu es passé sur plus de corps que Rocco Sifredi,

Apollon, Aphrodite et tous les lecteurs réunis,

Je comprends maintenant pourquoi on agit ainsi,

La mythologie n'est elle pas le guide de notre vie ?

 

En revanche je reconnais ton ouverture d'esprit,

Hommes, nymphes, et femmes,

Viens expliquer à Jean-Marie,

Que l'amour vient de l'âme.

 

Tu m'impressionnes, ta paroles est d'or,

Tu balances des promesses comme on consomme de nos jours :

Amalthée, Poséidon à chaque fois tu t'en sors !

Tu as tout compris à notre démagogie de porc !

 

Nous sommes tous sortis de ta planète de Grand-Mère,

Or l'argent nous fait Bronzer,

Si Ulysse était venu dans mon université,

La boue et la merde l'auraient accueilli comme un réfugié.

 

Va dire à Athéna ta fille rusée,

Qu'elle vienne nous aider,

Machos semble s'être réincarné, Athéna, Pitié !

Va leur dire que les hommes et les femmes sont à égalité !

 

Ne m'en veux pas je suis juste aigri,

Elle a volé le corps d'Aphrodite, aller simple pour le paradis,

On a rejoué Eurydice et Orphée,

Mais cette fois c'est l'enfer qui a gagné.

 

Quand tu me répondras, prends-moi de haut, soigne ta démarche,

N'oublie pas que l'on ne joue pas dans la même cour,

Je suis Marteau, Rat, Bâtard, mais quand je marche,

Toi tu cours.

 

Roi des Rats



Octave est un petit malin qui a plus d'un humour dans son sac... Il veut devenir comédien, mais je crois bien qu'il l'est déjà par nature. Prométhéen sur les bords, quand il dit un truc, on ne sait jamais trop si c'est du lard ou du cochon, voire du tofu !!! C'est donc tout naturellement dans une scène de théâtre comique qu'il nous emmène, un remake déjanté du retour d'Ulysse à Ithaque auprès de Pénélope. Burlesque garanti... Prêts, les amis ? Installez-vous confortablement dans votre fauteuil... LEVER DE RIDEAU...


L'Odyssée : Le Retour d'Ulysse revisité.

 

Chœur :

Pour que l'Aède, chanter il nous puisse,

Ô muse, fille de Zeus souffle lui bien,

Les peines endurées par la femme d'Ulysse,

Dont les cris accompagnent chaque matin.

Fidèle à son époux en douce Pénélope,

Elle ferme ses verrous à tous ses prétendants,

Mais la nuit la coquine, pour ne pas dire salope,

Se laisse et s'adonne à tous leurs penchants.

 

Pénélope :

Ô toi, Poséidon, dieu des mers et des eaux,

Empêche mon marin, d'Ithaque voir les eaux.

Qu'il me laisse seule pour le reste de ma vie,

Pour qu'enfin je puisse bien occuper mes nuits.

Ôte moi ainsi du poids du père et du fils,

Et je te donnerai mon corps en sacrifice.

 

Chœur :

Ainsi l'époux partit à Troie pendant vingt ans,

Et d'aventures fut ponctué son voyage.

Alors que de luxure sa femme passa son temps.

Mais un jour, d'Ithaque il accosta la plage.

 

Pénélope :

Horreur! Je ne l'attendais pas si promptement,

Car je n'ai pas remis en place l'ameublement.

Le palais et la chambre sont souillés,

Et des derniers amants mon lit n'est point vidé.

Il est temps à présent d'aller prendre ma douche,

Pour me débarrasser du nuage de mouches...

 

Chœur :

Celui qui par orgueil ne connaît point la peur,

Franchit enfin le seuil sacré de sa demeure.

 

(Entre Ulysse avec une apparence piteuse)

Ulysse :

Quel est donc cet endroit? Ce n'est pas ma demeure...

Aurais-je donc été trompé par les chants du chœur ?

 

Pénélope : (faisant mine de ne pas le reconnaître)

Bonjour vieil homme, je ne vous connais pourtant point.

Que venez vous donc faire là, dans ce recoin ?

 

Ulysse :

Ma douce épouse, ne me reconnais-tu pas ?

Est-ce là encore une fourberie d'Athéna ?

Pour de ma noble identité te convaincre,

Tous tes prétendants je m'apprête à vaincre !

(Il se dévêtit)

Mets-moi donc au défi, que de mon arc bandé,

Tu m'autorises, une flèche te décocher.

 

Pénélope : (le regard fuyant de dégout)

Oh mais je te reconnais déjà bien assez.

Le voile sur mon regard s'est estompé.

Comment, n'es-tu donc point épuisé,

Quand mes côtes déjà tu souhaites accoster ?

 

Ulysse : (De plus en plus pressant)

Vingt ans, huit mois, treize jours, pour l'aller-retour,

Sans jamais, sur le trajet, avoir fait l'amour.

Des Phéaciens le navire vient juste de mouiller,

J'espérais bien aussi ainsi te retrouver.

J'ai le mat et la quille, le gouvernail en feu !

Allons ma fille vite nous mettre au pieu !

(Allant ouvrir la porte)

 

Pénélope : (Le retenant)

Pitié! Cette porte tu ne dois point ouvrir!

Sinon le destin pour nous va mal finir!

 

Ulysse : (Ouvrant la porte de la chambre et constatant l'orgie)

De même qu'Agamemnon à Sparte rentrant,

Je découvre ce spectacle tellement affligeant.

Comme lui vais-je donc me voir assassiner,

Par tous ceux qui, dans mon absence, sur toi sont passés ?

 

Pénélope : (de mauvaise foi)

J'en avais plus que ma claqu' d'attendre ton retour !

Si tu n'es pas content, fais donc un autr' séjour,

Par delà les mers que tu aimes tant,

Et où ton fils est parti en te cherchant!

 

Ulysse : (Fort énervé)

J'ai vaincu le Cyclope, Circé et ai refusé,

L'amour que Calypso aurait pu me donner!

Pour me rendre compte ici de ta fourberie !

Je vais donc m'en retourner vers ce paradis !

Bien loin de toi et de tes infidélités,

Je m'en vais, à jamais, et sans te regretter !

(Ulysse sort)

 

Pénélope : (Tiraillée par la honte)

Je suis la ténébreuse, la veuve, l'inconsolée...

Je me sens honteuse et vais aller me saouler...

Maudite Athéna, à qui je dois ces jours !

Ô mère divine, qui lui permit le retour.

En tissant mon linceul je pleurerai comme un veau,

Car me voilà bien seule... Adieu! Ah! Éro(s) !

(Va pour se poignarder, et le temps s'arrête au début de la tirade du Choeur)

 

Chœur :

Ainsi finit l'histoire de la pauvre amourette.

À son mari la gloire, pour elle des cacahuètes.

Puissants dieux de l'Olympe, soulagez sa douleur,

Vous qui jamais n'avez voulu le mal en son coeur.

Et pour qu'à ses jours la pauvre ne mette fin,

Retenez, le geste tragique de sa main.

(Bruit d'éclair tombant sur Pénélope)

 

RIDEAU

 

Octave BERTIC 

 

Post-Scriptum : Il est à préciser que ce texte ne ressort d'aucun fantasme douteux comme d'aucune atteinte à la gente féminine, ou à une personne particulière. Toute ressemblance avec une situation réelle ne se trouve être que le fruit de la providence. Il ne s'agit pas davantage d'une critique de l'oeuvre du père des poètes mais une caricature où tout est à prendre à titre humoristique. Merci de votre Indulgence.



Retour à la réalité humaine avec Yu, notre poétesse du jour, qui nous offre en toute modestie un poème sur l'orgueil, cette forme d'hybris dont les Grecs rappelaient souvent dans leurs mythes le danger pour conseiller la "juste mesure"


Orgueil

 

Redescends de suite de tes chevaux,

Ne sais-tu pas à quel point tu le payeras ?

Ici tu te dresses, l'ego gonflé à ras.

Ne connais-tu pas le sort réservé aux ballons ?

N'est-ce pas eux, qui, trop confiants, explosent ?

Peut-être est-ce tout ce que tu souhaites, fleur close.

 

Tu as cessé de pousser et de t'ouvrir, maigre bourgeon...

Le terreau qui te nourrit ne suffit plus à te purifier.

Une seule fois, tu y as goûté,

Le fruit défendu et juteux de l'orgueil.

Tu te drapes avec, fier de ta parure

Ignore les recommandations et voici ton linceul.

Mais ne connais-tu pas déjà la fin de cette histoire obscure ?

 

File, tisse ta toile, Arachnée.

Création pour ce jour, si soyeuse.

Si belle ; la victoire t'as rendue hideuse !

Ton seul don, fut la cause qui t'as rabaissée

Le crois-tu ? Accueille l'hubris, dis nous adieu...

 

Il est le premier de tous, celui qui a conduit aux autres.

Tu as cru pouvoir être l'égal de Dieu...

Observe d'où tu te tiens à présent, bien loin d'un apôtre.

Laisse le mépris derrière toi !

Emmène ta vanité loin de moi !

 

J'ai confiance en ce que je vois et c'est toi que je regarde.

Tu me surplombes et me fixe dédaigneusement,

Prends garde...Plus haut, tu te tiens, plus rude sera la chute.

Je sais, tu te penses légitimement plus méritant...

Seulement, à quel moment y a-t-il eu lutte ?

Nous as-tu peut-être démontré tes qualités ?

Non... Tu n'as fait que rendre ton défaut plus exacerbé.

 

Accepte juste de parfois baisser la tête,

Perdre et être honnête.

Sache reconnaître tes torts,

Ainsi, tu deviendras réellement fort.

Récolte donc les fruits de ce que tu vaux.

 

Yu



Alex, notre poète à l'honneur aujourd'hui, est à lui tout seul le Wikipédia de la mythologie. Si si, je vous assure ! Sa mémoire contient une somme incroyable d'informations qu'il relie entre elles à tel point que je crois bien qu'observer ses connexions neuronales qui s'établissent quand il parle de mythologie reviendrait à contempler un immense sapin de Noël qui s'illumine. Le plus dur, croyez-moi, c'est de l'arrêter ... Fervent défenseur des oubliés de nos petites mémoires, il aime les "réhabiliter" en parlant d'eux. Voici donc son poème sur les Cent Bras : c'est du costaud !


Ô Fils de la Terre oubliés de nous tous

Vos cent bras gardant la prison du Tartare

Vous qui vivez dans un lieu où rien ne pousse

Hécatonchires votre histoire je narre.

L'aide du poète berger et des Muses

Je demande avec respect pour vous sauver.

Soutenus par la déesse prônant la ruse,

Sur vos frères et sœurs vous remportez

La victoire tant espérée de l'Olympe.

Parmi les trois grand fils de Cronos l'un peut

et vous a confié les remparts en airain

Briarée, Cottès, Gygès sont les gardiens.

Cyclopes forgeurs des armes du Kronide

tués à cause de la foudre céleste.

Puisse Athéna me guider dans cette guerre

Que m'habite la fureur de la Kronide

Et je chanterai sans retourner ma veste

Votre histoire et celle de vos pairs.

 

Nés de l'amour d'une mère et de son fils

Aussi forts que Gê, aussi grands qu'Ouranos.

Chassés par Ouranos puis par votre frère

la liberté est donnée par le grand Zeus.

Gardiens du Tartare et de tous les damnés,

forgeurs de l'arme du roi des Olympiens

on vous nomme Briarée, Cottès, Gygès,

Argès, Brontès, Stéropès dans les mots.

Vous avez sombré dans les eaux du Léthé

vos histoires ont été gardées par la Mort.

Maintenant acceptez cette renaissance,

que vos vies soit de nouveau connues de tous.

Ils aidèrent l'Olympe face à leurs frères.

Garder le Tartare est leur récompense

Exempt de tout ce qui est lié à la Mort.

Forger les rames du Kronide est votre aide

la mort par Hélios est votre récompense.

J'espère que vous entendrez ces mots.

 

La parole n'est que pouvoir et savoir

l'Oubli elle le combat par la mémoire.

Je vous rends le pouvoir qui était le vôtre

En suivant les pas d'Hésiode et tous les autres.

 

Alex GOUDET



C'est à présent Louis qui est mis à l'honneur pour ce poème dont je vous laisse apprécier les jeux de mots et les interrogations existentielles ...


Parlons de légendes, entendues ici et là

Presque aussi dangereuses que des mites au logis

Qui subsistent malgré tout, à l’image de Scylla,

Un souvenir dans les flots d’un temps évanoui

 

Pouvons-nous vraiment confier aux hommes la Justice,

Transformer leur destin en une partie de dés,

Les laisser seuls dans la Vérité la pl -Ulysse :

“Je suis là par hasard et personne pour Médée.”

 

Doit-on offrir le Diable quand ce serpent dort ?

Voir un homme libre, trop conquérant par vanité,

Ouvrir avec tant d’envie cette boîte de Pandore,

S’attrapant à rêver d’une fade humanité.

 

Que de fervents croyants veulent rompre avec hier

Désabusés des silences après les prières

Devant se contenter d’un Dieu si versatile

 

Néanmoins ces hommes ne resteront jamais sages

Impatients qu’ils peuvent être dans l’attente d’un message,

Ils n’ont plus qu’une question : des larmes, en versa-t-Il ?

 

Louis LEGROS


David est un être imprévisible qui a l'art subtil de ne pas être là quand on l'attend ... mais d'être là quand on ne l'attend pas, ce qui crée bien des surprises ! Il avait oublié d'envoyer son poème mais lire chaque création, jour après jour, lui a donné envie de participer, même s'il était, de fait, hors-concours. C'est, bien sûr, avec joie que nous accueillons son poème : ça s'appelle "Furor" et, comme le temps dehors, ça décoiffe, alors, attache bien ta tuque, comme on dit en bon québécois !


Les morts dansent sur des horizons millénaires.

Les âmes oubliées suintent de part et d’autre à travers les tombes grisâtres.

Le calciné renaît de ses cendres, tel un phénix.

Le noyé remonte à la surface des eaux impétueuses.

Le gisant vomit encore et encore les insatiables vers du trépas.

 

Les enfers violent les cieux ;

Une formidable odeur se répand dans l’atmosphère,

D’innombrables secousses tourmentent le monde

Des hurlements retentissent à perte d’ouïe :

Le prodigieux orgasme d’Hécate bouleverse l’ordre cosmique.

Un lyrisme démoniaque tyrannise l’infâme rationalité.

Griffes du passé, crocs de l’avenir, déchiquetez le stérile présent, effrayé d’exister.

Lacérez-le sans merci, ses lambeaux nauséabonds seront les trophées

Sur lesquels nous éjaculerons notre joie.

L’espace sodomise le temps. Les rôles s’inversent.

L’Être trésaille, bousculé, bascule, maculé, flocule.

L’impartial foudroiement de la création étouffe le sceptique,

Étrangle le fanatique,

Et libère ainsi l’irascible tumulte

Trop longtemps retenu captif dans l’antre immuable de la banalité.

Il brise les entraves dogmatiques,

Transperce le cœur prosaïque

Exterminant à jamais les rats

Qui n’eurent de cesse de ronger la substance merveilleuse de la vie.

 

Par la fiévreuse cadence de tes reins,

Ô Lune, mère de monstres,

Les morts dansent sur des horizons millénaires.

 

David BONNEAU